• Toute sa Miséricorde

     

      **** L’horizon se veut gris et froid, la pluie ne cesse de battre… vives palpitations d’un cœur esseulé. Le jour ne ressemble qu’à une éternelle sorgue, dans laquelle se morfond la bête abandonnée. Par delà les affres du vide, elle se sent choir vers un gouffre qu’elle a déjà connu des centaines de fois. Et, dans ce Silence dévoreur de chairs, la chute n’en n’est que plus belle. Lentement glisse le corps vers l’abîme. Lentement s’amenuisent espoirs et envies. Recroquevillé, le fœtus âgé de dix-sept ans se perd dans le labyrinthe de ses pensées. Les ombres rampent, affamées, vers le débris de viscères qui se meurt, encore une fois. Le phénix, en renaissant, prend son envol vers un ciel plus clément. La bête, elle, éclora d’un œuf fait de ses propres cendres, au bord même du gouffre où elle dépérit sans cesse. Vouée à une mort incessante, elle se rappelle qu’il y eut un temps où elle n’était pas condamnée à errer avec elle-même. Ces instants semblent si éloignés qu’elle n’en garde que le vague souvenir d’une présence, là, terrée au fond de son être.


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